Rires Jaunes


Il paraît que certaines histoires ne font rire que ceux qui n’en sont pas les personnages.
Et pourtant, nous continuons parfois à “rire… jaune”.

Cette page est née dans les interstices du quotidien, là où les coups ne laissent pas toujours de bleus visibles, là où les mots deviennent des armes et le silence une prison. Ce sont des histoires vraies, ou presque. Inspirées de scènes ordinaires, vécues, observées, confiées à mi-voix dans un café, dans notre association, ou entre deux portes. Elles viennent de femmes. D’hommes. De couples qu’on croyait normaux. De vies qui vacillent, puis s’effondrent… sans toujours faire de bruit.

J’ai choisi de raconter ces violences par petites touches, avec parfois de l’ironie, souvent du malaise, et surtout, avec cette lucidité âpre qui laisse un goût amer. Parce que rire peut devenir une manière de survivre. Rire, même jaune, c’est refuser de se taire. C’est détourner l’horreur par les mots, pour mieux l’exposer.

Ces textes ne sont ni des jugements, ni des leçons. Ce sont des miroirs.
Regardez bien : il se pourrait que vous y reconnaissiez une amie, un voisin… ou vous-même.

Mélanie Body

Le mec sympa mais qui tape

 J’ai un pote, super sympa.

Mais vraiment hein. Le mec te prête sa perceuse, il vient à ton déménagement, il t’envoie des vidéos de chats qui éternuent…

Et puis un jour… il frappe sa femme.

Alors j’ vous le dis tout de suite : on a tous eu ce moment où on se dit « Mais non… pas lui ! »

Mais si. Lui.

Parce qu’il paraît que les “violents conjugaux”, c’est pas des mecs avec une pancarte qui dit :

“Bonjour, j’ai fait une promo sur les baffes cette semaine.”

Non. C’est les mecs… qui payent leur café aux collègues.

Qui mettent des smileys dans leurs SMS.

Qui pleurent devant le Roi Lion.

Et qui cognent quand y’a plus de Nutella à la maison.

Le plus fort dans tout ça, c’est que quand t’en parles autour de toi…

T’as TOUJOURS quelqu’un pour te sortir :

“Oui mais bon… on sait pas ce qu’il se passe chez les gens…”

Si ! Là, maintenant, on le sait !

Ce qu’il se passe, c’est que Jean-Michel Douceur transforme sa compagne en punching-ball dès qu’il trouve pas la télécommande.

Et le pire, c’est quand il dit : “J’ai dérapé.”

Comme si c’était un sol mouillé et pas un poing serré.

T’as envie de lui dire :

“Mais mec… tu confonds violence et patin à glace !”

“T’as pas glissé sur un uppercut hein ! T’as visé, t’as frappé, t’as hurlé, t’as enfermé !”

Et la justice derrière…

“Oui bon… c’était un dérapage, pas un meurtre.”

Ah ok, pardon. On attend le cercueil pour réagir ?

J’ vous jure. On vit dans un monde où frapper quelqu’un qu’on aime, c’est presque plus tolérable que de pas aimer le foot.

J’ai dit un jour à une connaissance que son pote battait sa femme.

Il m’a répondu :

“Oui mais bon, il a pas que des défauts.”

Ah ouais ? Bah moi non plus.

Moi aussi j’ai pas que des défauts.

J’ai jamais frappé une femme.

Mais j’avoue… j’ai déjà mis de l’ananas sur une pizza.

Apparemment… c’est pareil.

Donc voilà.

Je ne dis pas que tous les violents conjugaux sont des monstres.

Je dis juste…

Qu’ils ne méritent pas une excuse, une tape sur l’épaule, ou un verre au bistrot.

Ils méritent

une plainte, une sanction, et surtout…

que la société arrête de leur trouver des excuses.

Ma vie avec Monsieur Parfait

Je vis avec un homme merveilleux.

Il est gentil avec les voisins.

Il fait les courses.

Il connaît le prénom de la boulangère.

Et parfois…

Il me casse la gueule.

Mais doucement hein. Avec amour.

Il m’explique, après. Il dit que je l’ai “provoqué”.

Que j’aurais pas dû lui parler sur ce ton.

Ce ton ?

C’est ma voix.

Mais apparemment, elle l’agresse.

Il m’a appris à baisser les yeux.

À parler moins fort.

À mettre des manches longues quand il a “raté son geste”.

Il est intelligent. Très intelligent.

Il sait me faire douter.

Il me dit que je suis folle.

Mais gentiment.

Comme une berceuse.

“Tu te fais des films, mon amour.”

Et moi, je les regarde.

Tous les soirs.

Les films de ma peur.

En boucle.

Sans popcorn.

Vous savez ce qu’il m’a offert pour mon anniversaire ?

Une bague.

Pour “m’enchaîner à lui”… qu’il a dit en rigolant.

J’ai ri aussi.

Comme une conne.

Parce que si je ris pas, il me demande :

“Pourquoi tu fais la gueule ?”

Et j’ai pas envie de finir dans le mur ce soir-là.

Pas le jour de mon anniversaire.

J’ai mis longtemps à comprendre que ce n’était pas moi.

Que j’étais pas “trop sensible”.

Ni “difficile à aimer”.

J’ai mis longtemps à comprendre que le problème,

c’était pas la violence.

C’était lui.

Alors un jour, j’ai fait quelque chose de fou.

J’ai dit : non.

Juste ça.

Un petit mot. Trois lettres.

Il a pas compris.

Il a demandé si j’étais malade.

J’ai dit oui.

De lui.

Et depuis… je réapprends à respirer.

À faire du bruit.

À aimer mes silences.

Je suis sortie vivante.

Et libre.

Et vous savez quoi ?

J’ai jamais été aussi belle.

Même sans fond de teint pour cacher les bleus.

Mais pourquoi tu restes ?

Tu sais ce que c’est le pire… dans les violences conjugales ?

C’est pas la violence.

C’est la question que TOUT LE MONDE pose à la victime :

“Mais pourquoi tu restes ?!”

Comme si c’était une promo dans un supermarché.

“Oui bonjour je cherche un homme violent, manipulateur, lunatique, obsédé par mon portable, jaloux de mon chat et qui me fasse culpabiliser quand je pleure.”

“Parfait madame, rayon 4, juste entre le rayon lessive et les croque-monsieur.”

Et elle, elle reste.

Mais pas parce qu’elle aime ça hein.

Elle reste parce que c’est compliqué.

Parce qu’il l’a isolée.

Parce qu’il lui a fait croire que c’était de sa faute.

Parce qu’il a coupé sa carte bancaire.

Et parce qu’il fait des crêpes avec les enfants le dimanche.

“Mais attends, moi si ma femme me faisait ça, je serais parti direct !”

Ah ouais ?

Mais t’as jamais été amoureux, mon frère !

Parce que l’amour, c’est pas toujours Netflix et mojito hein…

Des fois, c’est Netflix et contrôle fiscal émotionnel.

Elle dit :

“Pourquoi t’as crié devant les enfants ?”

Il répond :

“Tu m’as énervé !”

Genre… elle est le bouton ON de sa violence.

“Ah pardon, j’ai appuyé sans faire exprès sur ton traumatisme d’enfance.”

Et t’as toujours un gars qui te sort :

“Ouais mais bon, elle exagère. Il la tape pas tous les jours non plus.”

Bah excuse-nous… Monsieur fait des jours fériés de la claque !

“Alors lundi il a mis un crochet, mardi repos, mercredi petite insulte, jeudi il m’a enfermée, vendredi tendresse, samedi panpan boum, dimanche barbecue.”

Et quand elle part enfin…

Tu sais ce qu’il dit ?

“Elle m’a détruit.”

Mec, t’as confondu une femme et une PlayStation.

Elle est pas là pour encaisser tes bugs de mise à jour.

Donc la prochaine fois que vous entendez :

“Pourquoi elle reste ?”

Dites-lui :

“Comment je peux t’aider à partir.”

C’est plus utile.

Et beaucoup plus classe.

Et s’il revient avec un bouquet de fleurs…

Appelez les pompiers.

Parce que les roses, ça cache souvent les épines.

"Le jour où j’ai appris que j’étais une victime"

Alors voilà.

Moi j’suis pas du genre à me battre.

Déjà parce que j’ai pas de muscles.

Et ensuite parce que j’ai une peur irrationnelle des portes qui claquent.

Mais y’a pas longtemps… j’ai appris un truc.

Apparemment, j’étais dans une relation toxique.

Moi je pensais que c’était juste… une relation.

Un peu comme les autres.

Avec un abonnement Netflix, une brosse à dents commune… et une autorisation de respirer entre 19h et 21h.

Classique.

Elle disait que je l’énervais quand je disais rien.

Et aussi quand je parlais.

Du coup je faisais des compromis.

Je chuchotais en dormant.

Un jour, j’ai voulu partir.

Elle a dit que sans elle… j’étais rien.

Du coup je suis resté.

Pour éviter de devenir… rien.

C’est pas facile à assumer, d’être rien.

Même avec une carte de fidélité.

On faisait des sorties sympas.

Genre chez le psy de couple.

Elle parlait beaucoup.

Moi je hochais la tête.

Même quand elle disait que j’étais parano.

Ou fragile.

Ou “inutile mais mignon”.

Ça c’est elle qui le disait.

Le psy, lui, il faisait des dessins.

Un jour, j’ai croisé une affiche.

Y’avait écrit :

“Si tu as peur de rentrer chez toi… c’est peut-être pas toi, le problème.”

Alors je suis rentré chez moi.

J’ai mis l’affiche dans mon sac.

Et je suis ressorti.

Aujourd’hui, je suis célibataire.

Mais libre.

Je peux respirer.

Et même éternuer sans demander la permission.

Et le plus beau ?

Je laisse la porte ouverte.

Pas pour qu’elle revienne.

Juste parce que maintenant… j’ai plus peur qu’elle claque. c’est déjà une victoire.

“Mais qu’est-ce que tu faisais là, Ginette ?!”

Ah Ginette…

On l’a tous connue, Ginette.

Une fille comme les autres.

Jolie comme un cœur, douce comme un flan au caramel, et discrète comme une botte de fenouil.

Et pourtant…

Un jour on l’a vue arriver à l’épicerie…

Avec des lunettes noires… en plein mois de décembre.

Je lui dis :

“Mais enfin Ginette, qu’est-ce que tu fais avec des lunettes, il pleut comme une soupe aux vermicelles ?”

Elle me répond :

“J’ai fait une allergie… au bonheur.”

J’ai pas compris tout de suite.

Moi j’suis pas psychanalyste, hein, j’suis boucher-charcutier.

Mais j’ai de la mémoire.

Ginette, elle rigolait plus.

Elle parlait plus.

Elle mettait trois heures à choisir une boîte de thon.

Et surtout…

Elle regardait tout le temps son téléphone.

Comme si y’avait une bombe dedans.

Et y’avait pas de bombe.

Non.

Juste un monsieur.

Un monsieur qui s’appelait Raymond.

Ah, Raymond…

Un costard bien repassé, un sourire comme à la télé, et une parole douce comme une crème brûlée…

Mais dedans ?

C’était pas de la vanille.

C’était du vinaigre.

Le genre à dire :

— “Tu sers à rien, mais t’as de la chance que je t’aime.”

Et Ginette, elle croyait que c’était ça, l’amour.

Parce qu’il ramenait des fleurs.

Après les cris.

Après les baffes.

Oui, des fleurs.

Mais… sans vase.

Tu me comprends ?

Et puis un jour, elle est partie.

Comme ça.

Un matin, elle a pris son sac, elle a mis ses bottes, elle a mis son courage dedans…

Et elle est partie.

Et là…

Toute la ville s’est réveillée.

“Oh la la ! Mais on savait pas, oh la la !”

Ben si, on savait.

Mais on disait rien.

Parce que “ça se fait pas de s’occuper des affaires des autres”.

Mais attends…

Si toi t’entends hurler tous les soirs, que t’as vu les lunettes noires, les silences, les “je suis tombée sur la table basse” en juin…

C’est plus des affaires privées, mon pote. C’est des urgences publiques.

Alors aujourd’hui, j’te le dis, moi, avec mes tri

Chez nous, on dit rien… mais on oublie pas.

Tu vois cette chaise, là ?

Elle appartenait à ma sœur.

Elle s’appelait Lisandru.

Oui, oui…

Comme un homme.

Elle en avait le caractère.

Mais pas la force physique.

Ça… c’est une autre histoire.

Lisandru, elle s’est mariée jeune.

Trop jeune.

Avec un continental.

Un grand. Un qui parlait fort.

Un qui, au début, disait toujours “je t’aime”.

Et puis un jour, il a dit :

“Tais-toi.”

Et après, il l’a plus jamais laissée parler.

Moi j’étais jeune aussi.

Et chez nous, à l’époque…

On disait rien.

Une femme, ça pleure.

Un homme, ça tape.

Et la famille ?

Elle serre les dents.

C’est comme ça qu’on a perdu ma sœur.

Pas avec une balle, non.

Pas avec un couteau.

Avec des mots.

Des regards.

Du mépris.

Et du silence.

Aujourd’hui, je t’en parle parce que…

j’ai plus peur de personne.

Ni de lui.

Ni de moi.

Et surtout pas du regard des gens.

Parce que tu vois…

Un homme qui frappe une femme…

C’est pas un homme.

Et ceux qui le savent…

et qui ferment leur bouche…

C’est pas mieux.

Alors si un jour, chez toi, dans ton village, dans ton immeuble, dans ton cœur…

t’entends quelque chose.

N’attends pas.

N’attends pas qu’elle disparaisse dans un regard vide.

N’attends pas qu’il soit trop tard pour regretter.

Parce que le silence, chez nous…

C’est sacré.

Mais pas quand il protège la honte.

Tu m’as compris ?

Il regarde la chaise

C’était la sienne

Et personne s’y assoit, maintenant.

C’est mon rappel.

À moi.

Ma fille, l’amour ça ne doit pas te casser la bouche.

Toi ! Viens là. Pose ton téléphone, mets-toi droite. Tu crois que j’ai pas vu ? Hein ?

T’as maquillé quoi, là ? Ton œil ou ta patience ?

Il t’a crié dessus, hein ?

Et après il a pleuré ?

Il t’a dit “pardon chérie”, “je suis fatigué”, “j’ai des problèmes au travail” ?

Laisse-moi deviner.

C’est toi qui l’as consolé ?

Hchouma !

Ma fille…

L’amour, c’est pas un ring de boxe.

C’est un coussin, pas un poing.

Moi j’ai connu ton oncle, paix à son âme, il faisait du bruit quand il mangeait, il râlait pour la vaisselle…

Mais jamais il m’a touchée.

Même avec les yeux.

Tu crois qu’on n’a pas le droit d’être respectées parce qu’on est femmes ?

On est pas des serpillières !

On est les mères. Les sœurs. Les piliers de la maison.

Si la femme tombe, c’est tout le toit qui s’écroule.

Tu veux que je te dise la vérité ?

Un homme qui tape une femme, il a peur de lui-même.

Il est vide. Il veut que tu sois plus vide que lui.

Alors écoute-moi bien…

La première claque, c’est la dernière.

Après, c’est pas de l’amour.

C’est de la prison sans barreaux.

Et toi ?

T’es pas née pour être enfermée.

T’es née pour courir, danser, rire…

Et si un homme t’aime, il doit trembler de peur de te perdre, pas de te faire peur.

Maintenant tu vas m’aider à couper les patates.

Et demain, tu fais ta valise.

S’il veut une femme à casser, il a qu’à acheter une poupée.

Toi, t’es ma nièce.

T’es ma fille.

Et tu vas vivre. Dignement.

O amor não é para doer.

Filla…

Tu sais… moi aussi, j’ai aimé un homme.

Fort. Beau. Charmeur.

Il savait parler aux autres. Il savait se taire avec moi.

Il m’a jamais frappée.

Mais chaque jour, il me cassait un peu plus.

Avec ses silences. Ses critiques. Ses “tu ne vaux rien”.

Un jour, je me suis regardée dans la glace…

Et je ne me suis plus reconnue.

J’étais devenue une ombre. Une serviette mouillée.

Tu sais ce que j’ai fait ?

Rien.

Parce qu’à l’époque, on ne partait pas.

On priait.

On se taisait.

On disait : “C’est la vie.”

Mais toi, tu ne feras pas comme moi.

Parce qu’aujourd’hui on a des lois. Des gens qui écoutent.

Et surtout… tu as une mère qui te croit.

Tu veux savoir c’est quoi l’amour ?

C’est quand tu peux pleurer dans les bras de quelqu’un, pas à cause de lui.

C’est quand il t’aide à porter tes sacs, pas quand il t’écrase le dos avec ses mots.

Ce garçon-là…

Il ne t’aime pas.

Il te possède.

Et tu n’es pas une chose, filha.

Tu es un monde.

Moi, je vais être derrière toi.

Mais c’est toi qui dois faire le premier pas.

Parce qu’on ne quitte pas un homme violent quand on en a marre.

On le quitte quand on comprend qu’on mérite mieux.

Il m’aimait. Un peu. Beaucoup. À la folie. Aux urgences.

Tu te souviens de moi ?

Je suis celle qui riait trop fort dans les soirées.

Celle qui disait : “Non mais moi, un homme qui me dit quoi faire ? Jamais.”

Et puis…

il est arrivé.

Avec son sourire.

Son assurance.

Et ses mains, qui, au début, savaient exactement où se poser.

Et puis un jour, elles ont oublié.

Elles ont oublié que j’étais un corps.

Elles ont cru que j’étais une propriété.

La première fois qu’il m’a insultée, j’ai ri.

Il m’a dit : “T’es vraiment bête parfois.”

J’ai dit : “Oui, un peu, c’est vrai…”

La deuxième fois, il m’a dit : “Ferme ta gueule.”

Et moi j’ai fermé la bouche. Et la lumière aussi.

Mais tu sais, il m’achetait des fleurs.

Toujours après.

Je crois que les fleuristes de mon quartier m’ont crue très aimée.

Ou très morte.

Un jour, j’ai dit à une amie : “Je crois qu’il me fait du mal.”

Elle m’a répondu : “Mais il t’aime, non ?”

Comme si ça justifiait tout.

Comme si l’amour était une circonstance atténuante.

Non. L’amour, c’est pas une excuse.

C’est une promesse.

Aujourd’hui, je suis partie.

Sans bagage.

Avec juste ce qu’il me restait de courage.

Et tu sais quoi ?

J’ai retrouvé ma voix.

Elle était là, dans un tiroir. Avec mes envies, mon humour, et mes vieux jeans.

Alors, à toutes celles qui attendent que ça passe :

Ça ne passe pas.

Ça recommence.

Et à tous ceux qui disent “elle aurait dû partir” :

Venez vivre une seule nuit avec un homme qui vous fait peur dans votre propre salon.

Et vous verrez.

Ce n’est pas qu’on ne veut pas partir.

C’est qu’on attend qu’on nous croit.

Violence conjugale ? Non, il m’aimait... avec ses poings.

Bon… on va parler d’amour hein.

Enfin… de ce que certains appellent de l’amour.

Moi j’ai connu un mec… adorable.

Il m’appelait “ma chérie”… sauf quand je l’énervais. Là c’était “connasse”.

Mais attention hein, il disait ça avec les yeux de quelqu’un qui s’excuse déjà.

Le mec anticipait le pardon avant même le coup.

Un jour, il m’a poussée contre le mur.

Et il a pleuré.

J’ai cru que c’était moi qui l’avais frappé.

C’est fou comme un homme violent peut devenir une victime… dès qu’il te cogne.

Et puis moi, évidemment, j’ai pardonné.

Parce qu’on pardonne, nous, les femmes.

On pardonne à des mecs qui nous font mal… mais on coupe les ponts avec notre meilleure amie parce qu’elle a oublié notre anniversaire.

Va comprendre.

Il me disait :

“Tu me rends fou.”

Et moi je trouvais ça mignon.

Je me suis dit :

“Waouh… je suis puissante.”

En fait, j’étais juste son punching-ball émotionnel.

Avec option retour gratuit.

Et puis le pire, c’est que les gens te regardent comme si t’étais débile.

“Mais pourquoi t’es restée ?”

Je sais pas, Géraldine, pourquoi t’es restée dans ce mariage de merde avec Jean-Marc qui te touche plus depuis 2004 ?

Y’a un truc chez les femmes : on pense qu’on peut réparer les gens.

On croit qu’on est des ateliers Emmaüs du trauma masculin.

Ben non.

Des fois, faut jeter le meuble. Même s’il est vintage.

Aujourd’hui, j’en rigole.

Parce que sinon je hurle.

Et on m’a dit qu’une femme qui crie, c’est hystérique.

Mais un homme qui cogne…

Lui, c’est juste “à fleur de peau”.

Violences conjugales, ou comment il fait ses coups… de tête

Parlons un peu des violences conjugales… parce que, franchement, c’est pas un sujet hyper joyeux, mais faut qu’on en parle ! Sinon, comment on fait pour rire de trucs tristes, hein ?

Tu sais, moi, j’ai un pote, enfin une pote, Léa, qui m’a dit un jour :

“Isabelle, il est gentil, il m’aime, mais parfois il a des accès de violence.”

Ah ben oui, l’amour, c’est comme une sauce piquante : ça doit te faire pleurer, mais pas te casser la gueule, hein !

Elle m’a dit :

“Il m’a claqué la porte au nez.”

Moi je me suis dit : c’est pas mal ! C’est déjà mieux que le poing !

Mais non, ça s’est pas arrêté là.

Là où ça devient compliqué, c’est qu’il s’excuse. Oui, parce que les mecs qui frappent, ils ont un doctorat en “excuse pourrie” !

“Je suis désolé, c’est la fatigue, c’est toi qui m’as cherché, c’est le stress.”

Moi je me demande toujours :

“Mais vous, les gars, vous avez jamais essayé le yoga ?”

Parce qu’il y a des solutions, hein ! Tu peux pas mettre des baffes à ta copine et ensuite méditer pour te calmer… Ah si ? Ben c’est raté alors.

Et puis, elle me dit :

“Je reste parce que je l’aime.”

Moi, je dis, on peut pas aimer quelqu’un qui te donne des coups de poing au cœur et au visage.

Sinon, je suis amoureuse de ma voiture, mais je vais pas me faire frapper par elle parce qu’elle me lâche en pleine route !

Bref, les violences conjugales, c’est comme une mauvaise série Netflix : t’es accro, t’essaies de comprendre, mais au fond tu sais que ça va finir mal, alors faut juste arrêter de regarder et changer de chaîne !

Et surtout, faut pas rester seule. Parler, crier, demander de l’aide. Parce que la vraie force, c’est pas dans le poing, c’est dans la voix !

Ça se voit pas, mais ça fait mal

Vous savez, les violences conjugales… ça se voit pas toujours. On croit que c’est juste des coups, des bleus… Mais non. Parfois, c’est pire, parce que c’est invisible.

Moi, j’ai une amie, elle disait toujours :
“Non, ça va, il me tape pas, il me parle mal, mais ça va.”
Moi je regardais, je savais que ça allait pas. Mais elle, elle voulait pas voir. Elle avait peur. Elle croyait que ça passerait.

Et puis un jour, elle a craqué. Elle m’a dit :
“Tu sais, Isabelle, c’est pas les coups qui me font le plus mal… c’est quand il me regarde comme si j’étais rien.”

Et là, t’as mal pour elle. Pas à ta place, non, mais tu sens ce poids. Ce truc qui te déchire le ventre et le cœur.

Parce que la violence, ce n’est pas que physique. C’est les cris dans la nuit, les silences lourds, les insultes qui te rongent… C’est la peur de parler, de demander de l’aide.

Mais elle a eu ce courage… ce courage de dire STOP. De partir. Pas parce qu’elle était forte, non, mais parce qu’elle a voulu être plus forte que sa peur.

Et vous savez quoi ? Elle a recommencé à rire.
Pas tout de suite. Non. Mais petit à petit.

Alors si vous connaissez quelqu’un qui souffre, qui cache ses bleus sous son sourire… Parlez-lui.
Ne la laissez pas seule. Parce que parfois, le vrai héros, c’est celle qui ose dire : “Ça suffit.”

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